#13 Ça ne coûtera rien ou presque. Vraiment ?

Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Proverbe Français
Savez-vous ce que fait un maçon dans la vie ? De la maçonnerie. Et un conférencier ? Il parle et offre de la formation devant des groupes, que ce soit en personne ou par média interposé. C’est le cœur de leur travail, la raison d’être de leur entreprise. Et quand ils se perdent dans d’autres tâches, ils s’éloignent de leur source de revenu, de leur source de profit.

Cependant, chaque métier arrive avec une cohorte de tâches qu’on aime plus ou moins faire. Par exemple, le maçon n’aime peut-être pas aller à la rencontre des clients pour offrir ses services et tendre ses cartes professionnelles. Il est également possible que le conférencier répugne à appeler deux ou trois clients chaque jour pour offrir ses services. Que font-ils à la place ? Ils s’occupent. Certains vont repeindre leur bureau. D’autres vont classer des livres. Il y en a qui vont même décider de devenir leur propre comptable, leur propre avocat ou même leur propre spécialiste en numérique.

Vous souhaitez minimiser vos frais d’exploitation ? Allez suivre cinq ans de droit, quatre ans en comptabilité et trois ans en création de site web et marketing digital. Dans une quinzaine d’années, vous pourrez tout faire vous-même, sans vous charger le moindre sou. Quelle économie !

Sauf que, pendant tout ce temps, vous n’aurez pas obtenu le moindre contrat de maçonnerie ou de conférence. Trop occupé à « sauver de l’argent » alors que vous auriez pu en faire. Toute décision comporte des conséquences.

Quelle stratégie à suivre pour l’entrepreneur ?

Dans un premier temps, il identifie les activités essentielles à la survie et à la croissance de son organisation. Dans le cas du maçon, ce sont les visites auprès des entrepreneurs. Dans le cas du conférencier, ce sont les fois où il s’assure de se faire connaître des clients potentiels.

Ensuite, il se donne des objectifs pour chacune de ces activités. Par exemple, le conférencier se dit qu’il expédiera quatre courriels et qu’il contactera par téléphone trois clients potentiels chaque jour et le maçon ira visiter ses entrepreneurs.

Ensuite, et c’est très important, il identifie ses échappatoires. Vers quelles activités non rentables se réfugie-t-il quand il n’a pas envie de se lancer dans les tâches essentielles ? Dans bien des cas, il s’agit de tâches hypnotiques, des activités qui grugent du temps sans qu’on s’en rende compte : Facebook, discussion avec des amis, Netflix, etc.

Ces activités sont chronophages et nous laissent avec un certain sentiment de culpabilité. Après tout, on s’était fixé des objectifs et on ne les a pas accomplis… Mais il y a pire.

Il y a ces fois où on se fait croire qu’on travaille alors qu’on perd son temps. Celui qui passe des heures à monter son site Web s’imagine qu’il est en train de travailler mais, pendant les heures qu’il passe à apprendre comment ça fonctionne, fait-il ses appels et envoie-t-il ses courriels ? C’est tellement facile de terminer la journée en soupirant, en disant qu’on n’a pas arrêté une seconde alors qu’on n’a pas fait le travail nécessaire à la progression de notre entreprise.

Mais on se conforte en disant qu’on a peut-être sauvé quelques centaines ou milliers de dollars. Et oui, vous n’avez pas eu à payer un graphiste pour choisir la couleur de votre fond d’écran. Vous n’avez pas versé un sou à un spécialiste du SEO afin que votre page s’affiche brillamment dans Google. Vous n’avez pas payé un avocat afin de vous assurer que ce contrat était viable à long terme.

Et toutes les fois, vous avez ressenti la fierté qui vient avec le sentiment du travail bien fait. Mais ce travail était-il vraiment bien fait ? Pour suivre nos exemples, je ne doute pas de vos compétences en maçonnerie ou en présentation publique. Mais en tant que graphiste ou de conseiller légal ?

On dit qu’il faut environ 10 000 heures de pratique avant de devenir un pro dans un domaine. C’est donc dire qu’après 10 000 heures, vous serez un pianiste accompli. Alors, qui sera le meilleur pour offrir un spectacle musical lors de votre mariage ? Le pianiste qui en est à sa millième heure ou vous qui le faites pour que ça ne coûte rien ?

Vous devez devenir un expert dans ce qui permet à votre entreprise de grandir. Si ce sont les rencontres avec des clients, qu’il en soit ainsi ! Si ce sont les appels que vous logez chaque jour, devenez un pro ! Boileau le disait : "cent fois sur le métier remettez votre ouvrage." Ne vous contentez pas d’être un peu bon dans tout. Devenez un spécialiste dans ce qui vous distingue.

Quand vous perdez votre temps dans des tâches accessoires, vous livrez un travail de second ordre. Pire encore, vous vous empêchez de devenir meilleur dans ce que vous devez faire de mieux. Vous vous tirez dans le pied en vous disant que ça ne vous coûtera rien. Mais pendant ce temps, vous passez à côté d’occasions qui vous auraient permis d’engranger les succès et d’aller de l’avant.

Alors, que ferez-vous demain ? Allez-vous faire grandir votre entreprise ou vous lancer dans des activités qui vous donneront l’impression d’avancer mais qui feront en sorte que vous n’atteindrez pas vos objectifs ? Concentrez-vous sur vos forces et continuez à développer celles-ci. Ne jouez pas les amateurs en vous disant que ça ne vous coûte rien. Ça vous coûte le temps que vous ne passez pas à développer votre PME. Ça vous coûte des occasions perdues. Ça vous coûte l’amélioration de votre compétence principale. Ça vous coûte une fortune !

De quoi votre entreprise a-t-elle le plus besoin ? D’un dilettante qui fait un peu de tout ou d’un être déterminé qui sait ce qui importe et qui y travaille continuellement ? La réponse vous revient. Mais l’avenir de votre PME en dépend.

À retenir : Rien n’est gratuit en affaire. Rien, même pas le sourire. Ne soyez pas dupe. Dites stop à la culture du « Do It Yourself » et dites oui à la culture du « you and the pros do it ».